L'Autorité bienveillante



                     Dans sa relation avec un cheval, l'humain doit toujours se trouver dans la position du "Chef". Cependant, il s'agit de ne pas confondre "autorité" et "autoritarisme". Devienir le chef, c'est acquérir une manière d'"Etre". "Etre" chef avec un cheval consiste avant tout à réaliser un véritable travail sur soi.

 

L’autorité bienveillante

 

 

                    C’est l’attitude de base qu’il faut adopter pour entretenir une relation équilibrée et positive avec un cheval. Elle consiste à se présenter à lui comme un individu fort qui va le protéger, mais aussi intéressant et sympathique que le cheval va suivre avec plaisir. Le cheval a toujours besoin d’un chef qui le guide et le rassure. L’humain doit être ce chef pour que les choses se passent bien avec le cheval.

Comment devenir ce chef bienveillant ? Cela est le fruit d’une infinité de petits gestes quotidiens, d’attitudes, de décisions, qui vont progressivement établir la hiérarchie entre l’humain et le cheval. Beaucoup de problèmes découlent de l’instabilité de cette hiérarchie, mais aussi de la non-perception de celle-ci par l’humain, pourtant indispensable à la bonne relation humain-cheval.

 

                     Afin de mieux comprendre cette réalité, je vais prendre l’exemple du cheval de promenade et qui peut poser des problèmes en extérieur. IL convient d’envisager les deux points de vue : celui du cavalier et celui du cheval. Le cavalier souhaite effectuer une agréable sortie à cheval pour admirer la nature, respirer l’air pur et écouter les petits oiseaux. Il monte son cheval de manière détendue, persuadé que lui aussi va apprécier ces moments de bonheur. Cela est heureusement très souvent le cas, mais certains chevaux ne voient pas forcément les choses de la même manière.

                      Plaçons-nous donc du point de vue de certains chevaux qui sont imprévisibles en sortie. Très souvent, ils n’aiment pas quitter leur écurie car ils ont un tempérament anxieux et s’inquiètent facilement de ce qu’ils ne connaissent pas ou ne comprennent pas, donc de tout élément imprévu qui pourrait apparaître lors de la promenade. Ils se sentent potentiellement en danger à chaque instant et ont besoin d’être rassurés.

Si leur cavalier leur apparaît comme fort et est accepté en tant que chef, le cheval se sentira alors en confiance et les problèmes s’estomperont. Si par contre, ce qui est généralement le cas, le cheval ne sent pas son cavalier capable de faire face aux dangers qui pourraient survenir, c’est le cheval qui va alors prendre des initiatives qui lui paraissent indispensables pour éviter ou fuir un éventuel danger. Evidemment, cela peut parfois présenter des aspects inquiétants pour le cavalier, par exemple lorsque le cheval décide de renter au grand galop à travers les arbres ou en coupant des routes à grande circulation. Le cheval peut même décider de « déposer » son cavalier qui lui parait être une entrave à sa sécurité.

                     Ces chevaux-là ne considèrent pas leur cavalier comme leur chef, ils se sentent donc livrés à eux-mêmes et obligés de prendre eux-mêmes les décisions lorsqu‘elles s’imposent. Le cheval ne changera que lorsque son cavalier aura compris que c’est son attitude à lui qui engendre celle du cheval. C’est donc au cavalier de revoir sa copie.

                      Pour acquérir cette forme d'autorité bienveillante, il est bon de commencer à travailler à pied d’abord, car cela permet d’apprendre à connaître son cheval mais aussi ses propres lacunes ou faiblesses. La hiérarchie entre l’humain et le cheval se met en place dès l’approche au box et le pansage. Le travail de la relation humain-cheval s’effectue en permanence, à chaque instant. Aucune demande au cheval n’est anodine et ce n’est pas parce que ce que nous appelons le travail proprement dit n’a pas encore commencé que pour le cheval les choses ne sont pas prises au sérieux. Tout doit être pris en compte, même des petits problèmes au pansage peuvent être révélateurs, rien n’est à considérer comme « détail » sans importance. La pratique des exercices que nous effectuons à pied avec les chevaux permet justement de travailler gentiment la hiérarchie indispensable à la bonne relation humain-cheval. L’humain devient progressivement le chef bienveillant dans lequel le cheval a pleine confiance.

 


                       Le travail doit se poursuivre à cheval dans le même état d’esprit. Néanmoins, nombre de cavaliers présentent des lacunes équestres dont ils n’ont pas conscience et qui modifient donc forcément les choses. Ces lacunes, souvent très subtiles, risquent de progressivement remettre en cause la hiérarchie précédemment établie à pied. Même à cheval, le cavalier doit toujours vérifier qu’il est bien reconnu comme chef et s’affirmer en tant que tel, mais cela ne sous-entend absolument pas l’emploi de la force ou de la brutalité, je rappelle qu’il s’agit d’ autorité bienveillante.

                      Je vais prendre un exemple tout simple que j’ai pu observer chez bon nombre de cavaliers : il s’agit de la manière de demander au cheval d’avancer. Il suffit de serrer les talons contre les flancs du cheval pour obtenir le mouvement en avant, ce qui correspond à une action élémentaire, ne présentant apparemment aucune difficulté particulière. Et pourtant, un très grand nombre de cavaliers ne maîtrisent pas cette action correctement : ils sont obligés de presser les flancs plusieurs fois de suite ou alors de donner de grands coups de talons pour obtenir une réponse de la part du cheval. Pensez-vous vraiment qu’un cheval puisse considérer comme chef quelqu’un d’aussi impuissant ?

                    Le cheval qui n’obéit pas instantanément à une demande quelle qu’elle soit, exerce une forme de résistance passive et ceci est alors un mini rapport de force. Ceci peut paraître tout à fait anodin, c’est d’ailleurs si fréquent. Et bien non. Justement, cela n’est pas anodin. Tout commence là et cela se poursuit avec bien d’autres petits détails encore qui contribuent à forger l’opinion du cheval en ce qui concerne son cavalier. Ce ne sont pas non plus les éperons ou la cravache qui vont réellement régler le problème de fond : c’est une prise en compte attentive de chacun de ces détails qui doivent être travaillés individuellement et réglés tranquillement les uns après les autres.

                     Le plus difficile reste cependant la prise de conscience des cavaliers qui choisissent le plus souvent d’accabler leur monture de tous les maux de la terre alors qu’ils devraient au contraire reconnaître le cheval comme le révélateur de leurs propres lacunes. Devenir un chef bienveillant pour le cheval revient tout d'abord à effectuer un vrai travail sur soi.

 


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